Esprit Humain Episode II - Déjà vu

Esprit Humain Episode II - Déjà vu

La collection Esprit Humain plonge dans les profondeurs de la métaphysique, illustrant les textes marquants de la grande aventure spirituelle au sein de courts métrages d’animation.

Alors que le pilote (Cerveau Machine) illustrait un texte d'Aimé Michel issu de la précieuse Encyclopédie Planète, ce deuxième épisode rend hommage à l’une des figures les plus importantes de la science fiction, celui qui n’a cessé de clamer que la réalité n’était qu’une illusion figée par une perception humaine imparfaite : Philip K. Dick

Pour cet épisode, nous souhaitions mettre en image une partie du célèbre discours de Dick prononcé à Metz en 1977 lors d’un festival de science fiction. Ce discours mythique, dont le titre est "Si vous trouvez ce monde mauvais, vous devriez en voir quelques autres..." est encore aujourd’hui largement diffusé sur internet par bon nombre de fans. Certains sont d’ailleurs persuadés que l’homme qui prit la parole ce jour-là n'était qu’une réplique factice de leur idole, un odieux simulacre holographique. Pour nous, ce texte est une véritable synthèse des thèmes dickiens avec en prime une dimension théologique aussi passionnante que vertigineuse.

"Dick y fit mention des chrétiens secrets et de leur rôle dans la chute de Nixon. Il expliqua que lui, Dick, avait été une variable reprogrammée dans un de ces insidieux changements de réalités que forment la trame de l’univers et qu’à cette occasion, il avait eu contact avec le Programmateur. Normalement, il se tient caché [...] Il œuvre dans chaque atome du monde, mais personne ne le voit, sauf ceux dont il Se saisit comme on saisit un pion sur l’échiquier pour jouer son coup. Lui, Dick, avait été ce pion et pouvait répéter la parole de saint Paul : c’est une chose terrible et prodigieuse de tomber dans les mains du Dieu vivant. Ce Dieu qui, dans l’Ancien Testament, dit : Je crée une nouvelle terre et un nouveau ciel, et le souvenir des précédents n’aura pas de place dans l’esprit ni dans le cœur."
(Je suis vivant et vous êtes morts, Emmanuel Carrère - Points)

Au-delà de l’envie de faire revivre Dick et son discours par le biais d’un téléviseur ; idée renouant avec la traditionnelle relation dickienne homme / machine ; nous voulions mettre en scène la mise en pratique de son discours : le chevauchement de deux mondes distincts stimulé par la voix de l’auteur. Nous avons donc choisi d’opposer une laverie issue du monde contemporain (13 mars 1982 - onze jours après la mort de Dick) à un temple issu du monde antique romain (82 après Jésus-Christ). Cependant, ce monde antique - qui dans l’univers Dickien est souvent perçu comme un temps de persécutions des premiers chrétiens/résistants face à l’Empire empêchant les hommes de voir la réalité - serait un monde parallèle où la chrétienté vivrait une impressionnante expansion plébiscitée par l’empire romain suite à l’incendie/attentat déjoué de 64, événement précédant la conversion soudaine de Néron et d’une importante partie de la caste aristocratique romaine. Une uchronie qui fait écho à l’intrigue du Maître du Haut Château - premier best seller de Dick - dont la situation initiale place nazis et japonais comme les grands vainqueurs de la seconde guerre mondiale. Le temple du monde antique - espace qui s’oppose donc à la laverie - serait donc un ancien lieu de culte Romain revisité les adeptes Chrétiens : on aurait laissé la végétation recouvrir peu à peu les gigantesques colonnes extérieures, indiquant que l’âge de l’Empire était révolu, les aigles impériaux brodés sur les drapés seraient remplacés par des Ichthus, et la grande statue de Jupiter trônant au coeur du temple aurait laissé place à une gigantesque croix de bois encerclée de nombreux cierges.

Production :
Klampt

Texte :
Si ce monde vous déplait... et autres essais - Philip K. Dick

Traduction :
Christophe Wall-Romana

Conception, direction artistique réalisation, graphisme, animation :
Christophe Dias Pereira

Conception, direction artistique, 3D, réalisation, graphisme, animation :
Florent Cornier

Elements :
Dekogon Studio, Brushify, Quixel, Vertex Interactive, Krill Sibiriakov, Freshscan, Klampt, UB, Living Systems, William Faucher, Radik Bilalov, Defect-Ant, Tav, Talking-Drums

Musique, sound design :
Ovian Tales

Mixage musique & post production :
Dimitri Dedonder, Studios Megaphone

Remerciements :
William Faucher, Jonathan Winbush, Jsfilms, MR3D-DEV, Alberto Cerda, Alexander Morley, Frederic Helie, Anthony Deutsch, Pierre Buchet, Vincent Weber